Déclassement : le mot est aujourd’hui sur toutes les lèvres et sous toutes les plumes. Mais, au-delà de son caractère incontournable, il recouvre deux réalités bien distinctes. La plus évidente a trait aux ruptures qui conduisent des individus à voir leur position se dégrader. La deuxième est encore plus décisive : c’est la peur du déclassement. Cette angoisse sourde, qui taraude un nombre croissant de Français, repose sur la conviction que personne n’est « à l’abri », que tout un chacun risque à tout moment de perdre son emploi, son salaire, ses prérogatives, en un mot son statut. En rendant la menace plus tangible, les crises portent cette anxiété à son paroxysme. Source de concurrence généralisée et de frustrations, la peur du déclassement est en train de devenir l’énergie négative de notre société. À partir de ce constat, Éric Maurin fonde une sociologie des récessions et propose une lecture radicalement neuve de la société française, tout en aidant à repenser les conditions de sa réforme.
Éric Maurin est directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’École d’économie de Paris. Il a publié aux Editions du Seuil L ’Égalité des possibles (2002), Le Ghetto français (2005) et La Nouvelle Question scolaire (2007).
« Le déclassement est un phénomène marginal : 0.16 % de la population vit dans la rue. Mais nous sommes tous hantés par la peur du déclassement : 48 % des Français pensent qu'un jour ils pourraient dev... » Lire plus