L'auteur du Journal du voleur, des Paravents et d'Un captif amoureux rencontre divers mouvements politiques entre 1968 et 1986 - Panthères noires aux États-Unis, Palestiniens au Moyen-Orient, mais aussi Fraction Armée rouge en Allemagne ou immigrés en France. Ce livre est l'histoire d'un geste commun à ces «hommes infâmes» (Michel foucault) et à l'écrivain parmi eux : lutte contre la honte d'être réduit au silence, volonté de procès, heurt des fables poétiques avec les fictions politiques.
Dans cette perspective, le «dernier Genet» désigne celui de la fin, de la dernière période, où l'homme a tenté une sortie politique par le seul moyen du poète, la langue. Mais «dernier» signifie aussi le pire, comme on parle du dernier des hommes, si les devenirs Noir ou Palestinien de Genet n'excluent pas la guerre, l'appel au meurtre, voire la haine de l'ennemi.
En Autriche, en 1983, Genet dit : «Quand j'ai terminé l'écriture, j'avais trente-quatre ou trente-cinq ans, mais c'était du rêve. J'avais écrit en prison. Une fois libre, j'étais perdu. Et je ne me suis retrouvé réellement, et dans le monde réel, qu'avec ces deux mouvements révolutionnaires, les Panthères et les Palestiniens. Et alors je me soumettais au monde réel. J'agissais en fonction du monde réel et plus en fonction du monde grammatical...»