L’idée de ces deux numéros, de juin et septembre, est d’explorer l’émergence d’un ordre juridique international, de façon à inclure les différents modes d’interventions (armées, juridiques, para-juridiques, publiques ou privées) du Nord pour gérer les violences du Sud. Il s’agit d’appréhender un espace internationalisé extrêmement éclaté, allant de la Cour de justice internationale, aux tribunaux internationaux, à des entités comme Amnesty International, ou des outils juridiques comme la compétence universelle. Cette difficulté se reflète dans les choix opérés par d’autres revues académiques françaises qui se sont penchées sur ces questions en donnant chacune un aperçu d’un seul type de pratiques (victimisation, intervention humanitaire, judiciarisation, justice transitionnelle), sans pour autant offrir de lecture globale. L’optique choisie a donc été de proposer une esquisse sociologique de l’espace juridique international en construction, en donnant à voir les prises de position de juristes et les portraits de praticiens ou d’académiques praticiens, mais aussi les luttes professionnelles et militantes contribuant à la formation d’un espace professionnalisé et internationalisé de gestion des conflits armés. Ce premier numéro analyse donc les enjeux de l’intervention armée, qui sont tout autant le produit de luttes impériales que des réactions face à l’empire (d’où un centrage sur les débats pratiques et académiques aux États-Unis).