La formation du goût est devenue un objet classique en sociologie de la culture. Aux premiers travaux qui, dans les années 1960, s’attachaient à la « démocratisation culturelle » – bien souvent pour en montrer les limites –, se sont progressivement ajoutées des recherches qui privilégiaient les pratiques culturelles « minoritaires », ainsi que l’analyse de la segmentation des marchés. Ce numéro consacré au goût musical entreprend de réunifier des traditions de recherche parfois artificiellement séparées : étude de la réception et analyse de la production culturelle, évaluations statistiques des pratiques culturelles et approches qualitatives, etc. Apparaît ainsi le rôle que jouent simultanément, dans la formation du goût musical, ces quatre déterminants que sont la position dans l’espace social, le rapport aux univers institutionnels de production et de diffusion des œuvres, l’insertion dans des groupes des pairs, et la trajectoire biographique.