Un homme (le narrateur) se livre à la contrebande d’encyclopédies bilingues dans l’océan Indien. Son navire renferme dans ses flancs le savoir de l’Europe. Savoir qui n’est pas à l’abri du naufrage, puisque en fin de compte, naufrage il y a.
Il est jeté par un typhon sur une île isolée, inconnue parce que protégée par convention internationale de toute agression civilisatrice.
Il y reste trois ans, sans contact avec la population autochtone, à une exception près, une jeune femme à qui il apprend à parler, lire et écrire sa langue. Elle exige de lui, avec un mélange de distance et de passion, l’autoportrait le plus précis possible, c’est-à-dire le tableau de l’homme européen et de l’esprit occidental, dans une sorte d’ethnologie inversée où « le sauvage » joue pour une fois le rôle d’enquêteur sans contre-partie.
Lorsque, après avoir construit un navire de fortune, poussé irréversiblement à l’Occident par la constance de l’alizé, il s’éloigne de l’île et de la femme, celle-ci lui laisse une lettre dans laquelle sera décrit, en quelques mots pleins de la mélancolie des contraires, l’autre versant de cette histoire d’intelligence et de surdité, d’amour et d’exil.