Depuis plus d'un siècle, les Français entretiennent avec le Maghreb des relations particulières et passionnelles. Cette longue aventure franco-maghrébine aura toujours mêlé l'amour et la violence, la fascination réciproque, l'injustice, la domination et d'inexpiables conflits. Son origine remonte au XIXe siècle. À l'époque de la conquête, des anciens ports barbaresques jusqu'aux confins sahariens, l'aventure coloniale attendait militaires, religieux, colons et artistes à seulement deux jours de bateau des ports français de Méditerranée. Avec les protectorats marocain et tunisien, deux monarchies aux rites séculaires encadrèrent bientôt les jeunes départements que la République décida de créer en Algérie. Exotisme oriental et volonté d'intégration se combinèrent dans l'«Algérie française». Bien des Français partis de la «métropole» pour une autre vie avaient cru que «le meilleur côté de la Méditerranée» se trouvait entre Tanger et Tunis. Amère ironie ! leurs déboires après l'indépendance conduisent beaucoup de Maghrébins à penser le contraire. Tourisme et immigration, francophonie d'Afrique du Nord et «islam républicain» en France, tout se mêle et s'entrechoque dans cette histoire.
C'est cette prodigieuse et cruelle aventure que raconte ici Jean de La Guérivière, journaliste qui connaît bien l'Afrique du Nord. À égale distance de la nostalgie et de la repentance, son livre conjugue souvenirs de lectures et impressions de reportage, personnages emblématiques et lieux mythiques, rappels historiques et réflexions sur l'actualité. Dans son va-et-vient entre les deux rives de la Méditerranée, entre le passé et le présent, ce grand récit s'écarte de la froide géopolitique pour redonner toute leur place à l'imaginaire et à l'affectif.