Les fantasmes qui nous hantent n’attendent pas pour conduire nos actions que nous y consentions.
Ils n’attendent pas après le langage (qui n’envahit la tête que vingt-sept mois après notre conception, que dix-huit mois après notre naissance, qui nous quitte chaque nuit, avant de nous abandonner complètement dans la mort).
Les fantasmes déterminent les jours, les rencontres, les heures, les gestes. Ils les contraignent. Ils présagent en silence. Ils s’imposent à nos mains, à nos voix tout à coup. Les nuits s’imposent à nos jours.
P. Quignard