Plaisir à la fois intellectuel et physique, la musique se trouve aux confins du sens et du non-sens.
Pour comprendre la musique occidentale, il est impossible de se passer de l’analyse et de l’histoire sociale et culturelle d’une œuvre ou d’un style. Il est évident que Beethoven a transformé notre façon d’écouter Mozart. Même une esthétique qui proclame l’autonomie des œuvres d’art ne peut être délivrée de l’histoire, car les postulats de cette esthétique résultent eux-mêmes de l’histoire.
Il n’empêche. La proximité du non-sens, c'est-à-dire le refus de toute signification fixée d’avance, est une condition essentielle à toute approche de la musique. Plus encore que la littérature ou les arts visuels, la musique ne peut être limitée à aucun système d’analyse ou d’interprétation, qu’il soit musical ou historique.
Il est bien naturel de chercher hors de la musique, ou au-delà, ce qui peut pour un temps lui faire porter une signification précise. Mais la musique ne reconnaîtra jamais la primauté du contexte auquel on la subordonne trop commodément, fût-il social, historique ou biographique.
En paraphrasant la mise en garde grandiose de Goethe aux savants, on peut dire : ne cherchez pas derrière les notes, elles sont elles-mêmes la doctrine.