La question de l'identité religieuse dans son rapport à la laïcité est plus actuelle que jamais. Ainsi, que signifient ce désir d'introduire le mot «religion» dans le préambule de la future Constitution européenne ou, au contraire, cette réticence à y faire une quelconque allusion ?
La multiplication des sectes, la forte politisation actuelle des religions, le «retour» du religieux, proclamé dans le monde des organisations internationales et des seigneurs de la guerre, invitent à repenser certains concepts. D'où l'importance de saisir l'origine de notre notion de «religion», ce qu'elle recouvre.
A l'heure où l'on veut promouvoir l'histoire des religions dans l'enseignement, Philippe Borgeaud propose un livre fondamental. Entre Athènes, Rome et Jérusalem, rien ne vaut un détour par les territoires lointains, mais fondateurs, où apparaissent les premières formulations de nos évidences. Ce qui s'impose alors - doit-on s'en étonner ? -, c'est le caractère pluriel et polémique du mot «religion», un objet qui n'existe pas de toute éternité, que l'on ne cesse de construire et de reconstruire.
La véritable matière de l'histoire des religions, celle qu'il est devenu de plus en plus urgent d'étudier, ce n'est pas la série des grandes ou petites «religions du monde», mais bien les mécanismes, souvent archaïques, et résistants, qui fondent les croyances actuelles.
En prendre conscience tout en s'interrogeant sur les exigences de l'histoire des religions, une discipline non confessionnelle, de type historique, anthropologique et comparatiste, n'est pas aujourd'hui un luxe.