Concernant l’université, les essais abondent. Faut-il sélectionner, professionnaliser ? Là-dessus, tout est dit. Ce qu’on n’a pas décrit, en revanche, c’est l’expérience étudiante des jeunes Français d’aujourd’hui. Sociologues, Didier Lapeyronnie et Jean-Louis Marie ont parcouru le terrain de long en large, collectant la parole des uns et des autres, dans les instituts prestigieux comme sur les campus de banlieue.
Rude voyage. Malgré la diversité des filières et des disciplines, un discours s’impose, obsédant : les étudiants subissent une condition dont le sens leur échappe, au sein d’une Université dont ils n’attendent plus grand-chose, si ce n’est un diplôme utile sur le marché du travail.
La « massification » explique en partie blues des campus. La France s’est toujours refusée à concevoir et promouvoir de véritables universités, les gouvernements s’en sont peu ou prou désintéressés. En dépit d’initiatives courageuses, les facultés n’ont pu faire face à la demande d’éducation supérieure. Et les étudiants les plus démunis sont les premières victimes de la décomposition générale.
Ils ne protestent pas en militant, comme naguère. Ils protestent en juxtaposant, vaille que vaille, leur personnalité et leurs études, rêvant de lieux de vie qui seraient aussi des lieux d’éducation et d’instruction.
Une enquête-choc. Un tableau sans complaisance mais pas sans espoir.