La solitude, l'isolement, la tour d'ivoire, voilà où se terrent traditionnellement - prétendument - les écrivains. Pour écrire son nouveau livre, Anne Weber a choisi de transporter sa solitude en plein milieu du monde du travail, dans le département dentaire d'une entreprise suisse dont le nom, Cendres & Métaux, pourrait bien passer pour le titre d'un livre. Dans le calme étrangement feutré d'un bureau paysager, elle observe et réfléchit, laissant à sa pensée une liberté de mouvement qui la conduit aisément d'une dent cariée à la fin du capitalisme, d'un lapin de Pâques en chocolat au Banquet de Platon. Mais elle se permet aussi des excursions dans la fiction qui, la plupart du temps, tournent court. À propos, saviez-vous pourquoi, en Suisse, l'eau ne gèle qu'à moins cinquante degrés ?
Si vous n'avez pas peur de sauter du coq à l'âne, ou de l'oeuf coque à la dentisterie, si vous êtes secrètement un grand penseur et un chercheur d'or, vous trouverez dans ce livre une logique implacable, de l'inattendu, le fin mot sur la lutte des classes et toujours, dans un coin, une mâchoire qui rit.