Le « pèlerin retardataire » de Chant du Mont fou arpente les sites chantés dans les textes anciens autour de Kyoto, ancienne capitale du Japon. Tandis que le tapage moderne recouvre les traces du passé, que les lieux de la légende se perdent dans les banlieues pavillonnaires, ou sont défigurés par les voies et les usines, des poèmes anciens, des récits épiques lui reviennent en mémoire. Parfois, c’est un chant folklorique qui lui répond, un récitatif de nô, un haïku aussi fin et léger qu’une goutte d’eau, ou bien le moine burlesque et grivois d’une épopée lointaine. Peu à peu, le récit de voyage et les souvenirs se mêlent à un chœur de voix d’outre temps qui redessinent le paysage : la montagne réapparaît, bruissante d’échos courant de vallées en vallées, même si la ville n’est jamais loin, où l’on redescendra bientôt, en train, en taxi ou en ambulance.
Le tissage des voix où se croisent prose et poésie, passé et présent, entraîne le lecteur avec bonne humeur vers la liberté. Les saisons défilent, fièvre d’hiver, fièvre d’été, ivresse légère de la marche, le ventre vide, l’esprit vacant : alors les fantômes commencent à s’agiter et l’imagination aussitôt s’envole.
Une pérégrination pleine d’humour au pays de la poésie et du récit épique.
Traduction du japonais et postface de Véronique Perrin
FURUI Yoshikichi, né à Tokyo en 1937, traducteur d’Hermann Broch et Robert Musil, est révélé dans les années 1970 avec la publication de plusieurs romans qui ont profondément marqué toute une génération de lecteurs. Chant du mont fou est considéré comme le plus important d’entre eux. Ont été traduits en français : Yôko, Le Passeur et Les Cheveux blancs.