L’épître aux Romains reste le grand texte théologique de saint Paul. On ne compte plus les commentaires qu’il a suscités, d’autant plus que, depuis Luther, il est devenu un texte de division entre les chrétiens. C’est que sa question centrale ne peut laisser indifférent aucun croyant : comment sommes-nous sauvés ? Par la « foi », par la confiance en la miséricorde de dieu qui pardonne aux pécheurs, ou par les « œuvres », en faisant le bien, en accumulant les actions bonnes ? Quelle est donc la justice de Dieu, comment justifie-t-il l’homme ? Par grâce ou « donnant-donnant » ? Et qu’en est-il de la « colère » de Dieu ?
Ces vieilles questions toujours neuves, Jean-Noël Aletti les a reprises dans un essai stimulant et original qui renouvelle la lecture de l’épître aux Romains.
Sans renier les résultats de l’approche historique et critique, l’analyse est ici synchronique : elle s’intéresse à l’unité et à la cohérence internes du texte, aux techniques littéraires mises en œuvre, aux « modèles d’écriture » (rabbinique, entre autres) utilisés par Paul.
Sans mettre en cause l’importance de la « justice de dieu », la lecture synchronique de Jean-Nöel Aletti conduit à déplacer ce thème, à le « cadrer » autrement, à réfléchir à nouveau sur les voies paradoxales de Dieu pour sauver l’homme.