«Crois-tu que l'on puisse survivre à un père comme toi? Surtout avec un monde arabe en grave crise sociale, politique, religieuse et intellectuelle? Un fanatisme bête et dévastateur? Tu représentes pour moi une sorte d'espoir et de rempart contre cette décadence du monde arabe, contre ce fanatisme islamique qui n'a pour but que le pouvoir. Si tu n'étais plus là, j'ai le sentiment que je prendrais cette violence de plein fouet!»
Ninar Esber interroge son père, le poète Adonis, au cours de dix entretiens très intimes, sur sa formation, son rapport à l'Islam, à la poésie, à sa Syrie natale et au Liban, où ils ont vécu jusqu'à la guerre, sur les femmes, sur le voile, sur les monothéismes, sur le terrorisme. Adonis, très hostile à tout embrigadement religieux et, de manière générale, à tout fanatisme, parle avec simplicité de la sexualité, du désir, du mariage, de la fidélité, de l'amitié, de la sensualité et bien sûr de la création. Ninar, jeune femme provocante et sincère elle-même, est violemment critique par rapport à la façon dont les femmes sont considérées dans les pays musulmans. Une double leçon de liberté.