« C’était donc lui, Bolek. Il me sourit gentiment, s’approcha de moi et me posa les mains sur les épaules :
– Shalom mon grand garçon… Shalom…
Son expression était affectueuse et paternelle, pourtant il m'intimidait terriblement. Je savais qu’il avait vécu des choses terribles, à peine imaginables, mais qui demeuraient pour moi des abstractions [...]. Mais là, il y avait ce numéro tatoué sur son bras, comme un indice réel, la preuve du crime. Quelque chose émanait de lui qui disait la guerre, l’histoire, l’horreur, les camps, les deuils, les morts. J’aurais voulu le consoler et je n’en étais pas capable.
Sous l'effet d'une impulsion soudaine, je logeai ma main dans la sienne. Il la serra et nous marchâmes tous deux, main dans la main, jusqu’à la maison. »
J.N.
Début des années cinquante. Jean, l’adolescent-narrateur découvre l’Israël des pionniers en même temps qu’il apprend jour après jour l’histoire de sa famille maternelle d’origine polonaise, décimée par la persécution, à travers les carnets de son oncle, rédigés en yiddish du ghetto de Lodz à Auschwitz.
Jean Nainchrick, producteur de cinéma et de télévision a déjà publié Simon et Marie , l’histoire de ses parents qui nous conduisait d’Istanbul et de Pologne au Paris des années trente et quarante.
Préface de Boris Cyrulnik