Le péché, une notion dépassée ? Un dogme amené à disparaître dans un christianisme enfin « libéré » ? Le mot semble avoir déserté les églises et les consciences. Le christianisme serait-il devenu une religion sans péché ?
L’histoire, la théologie, la foi même donnent cependant tort à une telle interprétation. Sans le lier nécessairement à une culpabilité tenace et paralysante, le péché est ce qui permet de comprendre non pas le seul rapport de l’homme à Dieu mais l’homme lui-même. Quiconque s’interroge sur le sens de l’existence rencontre le péché, lequel ne fait pas simplement référence à la faute, pas plus, d’ailleurs, qu’à une noirceur indéracinable de l’âme humaine.
Ainsi, le péché n’est pas seulement l’affaire des croyants : il dit quelque chose de fondamental sur l’homme, sa liberté, sa vocation et sa responsabilité.
Professeur à la Faculté de théologie du Centre Sèvres, François Euvé est spécialiste des relations entre les sciences modernes et la tradition chrétienne. Il vient de publier Darwin et le christianisme. Vrais et faux débats (Buchet-Chastel, 2009).