La modela mode du management et le culte de l’efficacité font fureur depuis quelques années. D’innombrables articles, livres et séminaires pour cadres et dirigeants ont popularisé cette vague venue d’outre-Atlantique. Au point qu’une nouvelle vulgate s’est imposée et qu’une véritable langue de bois sévit. Elle revient à tenir pour de vrai ce qui est efficace, e, évacuant la question de la finalité et celle du sens. Elle trouve ses fondements dans le pragmatisme et l’utilitarisme et invoque souvent certains courants de pensée comme celui de l’« école de Palo Alto » ; elle vulgarise certaines notions hâtivement empruntées à d’autres disciplines : culture, valeurs, éthique… et idéalise des innovations passablement ambiguës comme les Projets d’entreprise ou les cercles de qualité. Les « cabinets-conseils » et les « consultants » célèbrent dans les médias ce nouveau culte qui tourne à l’entrepremania.
Que dissimule en vérité ce tintamarre ? Quelle sorte de désarroi exprime le discours sur l’« efficacité », dernier avatar de cette mode fulgurante, mais dont le reflux est déjà perceptible ?
Jacques Le Mouël, consultant lui-même, passe au crible de la critique – et de l’autocritique – cette « revalorisation » de l’entreprise qui laisse sans réponse les questions essentielles. Son petit livre aigu et dérangeant suscitera sans doute bien des débats. il est fait pour cela.