L’amour à la Werther aurait-il fait, en Allemagne, plus de ravages qu’ailleurs ? Et le devoir de l’écrivain – de Goethe à Franz Hessel, en passant par les Romantiques – serait-il de mettre engarde contre ses effets dévastateurs : folie, désespoir, suicide ? Un soir de panne de courant, à Berlin – au sortir de la tuerie de 1914-1918 –, de rues non éclairées, de lampes à acétylène et de tramways en grève, six personnages (3 hommes et trois femmes) se retrouvent dans un dancing. Les couples se reforment, mais le cœur n’y est pas. Lorsque la musique s’arrête, le silence s’installe. Alors l’un d’eux propose qu’on aille chez lui : il a du thé et un réchaud à alcool. On monte l’escalier à l’aide d’une bougie, on s’assoit sure le divan, les fauteuils, les poufs. Il y a un gramophone, on pourrait recommencer à danser, mais mieux vaut – comme dans Le Décaméron– se raconter des histoires : « Des histoires tristes qui soient agréables à entendre », dit l’un ; « Des histoires tristes qui puissent nous rendre gais », corrige l’autre. Suivent alors douze histoires d’amour. L’on y fustige « cette forme d’amour où l’amour est vécu comme un destin, quelque chose d’inévitable, de définitif, à quoi les humains, s’il s’agit de leur première et unique passion, restent accrochés toute leur vie ».
Des amants et de leurs erreurs est une invitation au libertinage.