Le non a ses raisons que la raison ignore.
Elle a tort.
Plus de quinze millions de Français ont dit « non ».
Non à quoi ? Non pourquoi ? Là est la question.
Non à Raffarin ? À Chirac ? Au chômage, qui n’arrête pas ? Au logement, qu’on ne trouve pas ? Non à demain, qui s’annonce pire qu’hier ?
Ou non à la Constitution, trop incompréhensible ? À l’Europe, trop peu visible ? Non à l’Europe qui détruirait les nations ? Ou non pour l’Europe plus fédérale, plus sociale ?Non à l’Europe politique proposée, ou non à l’élargissement imposé ? Non à la Pologne, ou non à la Turquie ?
Non à tout cela, avec ses contradictions et déraisons.
Raison de plus pour y regarder de plus près.
Lorsque le corps électoral se prononce, après des semaines de débat comme on n’en a pas connu depuis des lustres, il faut l’entendre, chercher à comprendre, et inventer d’autres manières d’agir.
Tel est l’objet de ce petit livre écrit à chaud dans les heures de l’après 29 mai 2005.
Olivier Duhamel est professeur de droit et de science politique à Sciences Po, chroniqueur aux Matins de France Culture.