Les tensions entre le politique et la religion sont un ressort majeur de l’histoire de l’Occident, et donc aussi un fil directeur pour la comprendre. Elles ne constituent pas seulement un objet qui aurait influencé de l’extérieur la civilisation occidentale : elles l’ont imprégnée de l’intérieur – et l’imprègnent encore, fût-ce à notre insu. Jean-Claude Eslin a refait ce parcours du théologico-politique en Occident, depuis ses origines, juive et chrétienne, grecque et latine (l’auteur rappelle en particulier l’influence considérable de Cicéron), jusqu’à l’époque contemporaine. Il passe en revue les grands moments de la pensée théologico-politique : Augustin, les théories médiévales, Luther et Calvin, la philosophie politique jusqu’à la Révolution (Machiavel, Hobbes, Spinoza, Locke, Rousseau), enfin les héritages multiples au XIXe et eau XXe siècle. Ces réflexions, qui furent presque toujours liées à des crises et à des tournants historiques de grande importance, ont eu des effets à long terme, qui se font sentir encore aujourd’hui : car cette dualité de principes opposés marque les structures et les grandes catégories de notre culture politique. Elle constitue « la racine dynamique de l’Occident dans l’histoire ».