Du sens II n’est pas une simple suite de Du sens I. A. J. Greimas y étend, par un geste décisif, les acquis de la sémiotique à des domaines qui excèdent très largement celui où elle se reconnaît d’emblée. Le texte dit théorique apparaît ainsi comme gouverné par un programme narratif : l’auteur, étudiant une préface de Georges Dumézil, montre comment elle s’organise comme une quête de la vérité, rencontrant des obstacles– c’est-à-dire en des termes analysables par l’étude structurale du récit. D’autres textes, à première vue surprenants, eux aussi, peuvent relever de cette description : est examiné, en particulier, le programme narratif d’une… recette de cuisine.
Mais surtout, A. J. Greimas aborde des questions encore plus primordiales que celles qu’il avait jusqu’ici traitées : c’est de la construction de l’objet par le discours ou du sujet dans le discours qu’il donne une description formelle, en décrivant notamment les constellations sémantiques de l’univers du croire et de l’univers du savoir ; en amorçant une étude sémiotique des passions (de la colère par exemple).
Le sémio-narratif apparaît ainsi comme une forme bien plus large que le récit littéraire auquel on le ramène en général : il est la trame même non seulement de la communication et de la vie sociale mais aussi de la vie émotionnelle et affective.
Algirdas Julien Greimas
Né en 1917 en Lituanie, mort en 1992 à Paris. Doctorat ès Lettres (Sorbonne, 1949). Professeur à Alexandrie, Ankara, Istanbul, Poitiers. Directeur d’études (sémantique générale) à l’École pratique des hautes études, VIe section, à partir de 1965.
C'est à la suite d'une tentative de fonder une lexicologie (basée sur les unités-mots) qu'Algirdas Julien Greimas est venu à la sémantique et de là, de par la nécessité de dépasser les limites de celle-ci, à une sémiotique structurale.