Les textes ici regroupés comprennent la quasi-totalité des « articles à caractère d'essais » publiés par Musil dans les périodiques entre 1911 et 1931 (et une partie de ceux qu'il ébaucha seulement), les quatre textes par lui prononcés en public entre 1927 et 1937 (dont le Discours sur Rilke et De la bêtise), un large choix des chroniques parues de 1913 à 1930, enfin l’intégralité des « aphorismes » plus tardifs, achevés ou non, avec un petit choix de « réflexions ».
Textes presque tous écrits par l'auteur pour assurer sa subsistance, et sur des sujets de circonstance les plus divers : mœurs, sciences, politique, religion, métaphysique et, naturellement, théâtre et littérature, fruits pour la plupart de ces années vingt particulièrement fécondes pour Musil. Textes « théoriques », si l'on veut, épars ; quelquefois inaboutis et répétitifs, certes ; mais tous, quel qu'en soit le prétexte, admirables de pénétration, de pertinence, de rigueur intellectuelle et morale.
Textes presque tous liés profondément à l'œuvre de fiction, notamment à l'Homme sans qualités dont l'élaboration leur est contemporaine ; fragments d'une longue quête, Tentatives pour trouver un homme autre comme Musil lui-même aurait aimé les intituler s'il les avait réunis de son vivant, « avec pour but plus lointain la félicité humaine », ainsi qu'il l'avait écrit en 1918 en parlant de l'essai en général.
Traduit de l'allemand et préfacé par Philippe Jaccottet.