Exils méditerranéens est un ouvrage précieux qui retrace l’histoire mouvementée, déchirante, de cette communauté d’intellectuels, artistes et politiciens allemands juifs et non juifs qui se réfugièrent en 1933 en France, et plus précisément dans le sud de la France, dans l’espoir que le régime hitlérien serait de courte durée.
Mais la désillusion est cruelle. Le combat et la survie s’organisent. La guerre en 1939 transforme les réfugiés en « étrangers ennemis », et la défaite française de 1940 apporte son lot croissant de tracasseries, arrestations, internements dans des camps (Les Milles, Gurs pour les femmes, le Vernet). À nouveau il faut fuir : guerre de papiers pour obtenir visas de sortie, de transit (par l’Espagne ou le Portugal) ou d’entrée dans un pays d’accueil.
C’est alors qu’intervient Varian Fry, l’Américain providentiel, qui depuis Marseille organise une filière d’exfiltration clandestine à travers les Pyrénées. Tous ne connaîtront pas une fin heureuse (Walter Benjamin se suicide à Port-Bou.)
L’originalité de cet ouvrage de référence est la large part accordée aux textes, lettres, témoignages, extraits de journaux rédigés par les acteurs, témoins ou victimes de ce drame. Les textes d’introduction et de transition entre les documents originaux offrent au lecteur les données historiques et biographiques fondamentales.
Ulrike Voswinckel, née en 1945, et Frank Berninger, né en 1976, travaillent aux Archives littéraires de la bibliothèque municipale de Munich (Monacensia), dont la spécialité est de réunir manuscrits et documents relatifs aux écrivains germanophones exilés sous le IIIe Reich.