La publication des « Cahiers noirs » de Heidegger en Allemagne a mis au jour plusieurs passages, écrits dans les années 1938-1941, au contenu antisémite incontestable. Peter Trawny, spécialiste de Heidegger et éditeur de ces « Cahiers », affronte ici le choc de ces pages mettant en question la thèse prédominante jusqu’à aujourd’hui qui voudrait que l’engagement de Heidegger dans le national-socialisme n’ait pas impliqué de sa part une adhésion à l’antisémitisme. Selon Peter Trawny, si Heidegger s’écarte de l’antisémitisme « vulgaire » des nazis, il en donne bien une reformulation en termes d’« histoire de l’être ». Autrement dit, il intègre l’antisémitisme à son interprétation philosophique de l’Histoire mondiale.
Comment penser ce désastre du jugement de la part d’un des plus grands philosophes du XXe siècle, qui a exercé une profonde influence sur Hannah Arendt, Leo Strauss, Jean-Paul Sartre, Emmanuel Levinas, Jacques Derrida, Michel Foucault et tant d’autres ? Avec tout le sérieux scientifique, le sens historique et philosophique qui s’imposent à l’interprète, l’auteur cherche à répondre aux questions que soulève cette découverte.
Directeur de l’Institut Martin Heidegger et professeur à l’université de Wuppertal, Peter Trawny est notamment l’auteur de monographies sur Hannah Arendt, Socrate et Ernst Jünger.
Traduit de l’allemand par Julia Christ et Jean-Claude Monod