Berlin, septembre 1989, Frank Lehmann, que ses amis, à son grand déplaisir, n'appellent plus que « Herr » Lehmann depuis qu'il approche de la trentaine, évolue avec aisance et contentement dans sa niche écologique de Kreuzberg, dont il répugne à sortir. Sa seule ambition est de continuer à partager sa vie entre un modeste appartement, le bistrot qui l'emploie et nombre d'autres où l'on sert sa marque favorite de bière.
Mais, à l'approche de l'événement, de menues contrariétés viennent perturber sa chère routine, signes avant-coureurs d'un changement qui affectera son existence personnelle et, sur un autre plan dont il ne se soucie guère, l'histoire allemande.
C'est d'abord, au petit matin, la rencontre d'un chien résolu à lui barrer la route. Puis les désagréments se succèdent sur le mode tragi-comique : visite de ses parents venus de Brême, excursion à Berlin-Est où il est refoulé au contrôle, amours déçues, dépression de son meilleur ami.
Le soir du 9 novembre, jour de son anniversaire, Herr Lehmann, qui se sent vieux et vide, fait la tournée des bistrots, noyant dans la bière le pressentiment qu'un chapitre de sa vie s'achève, tandis que Berlin en liesse fête l'ouverture du Mur.
Tel Fabrice à Waterloo, Herr Lehmann, trente ans, n'a rien vu.