Plus que jamais les questions de sécurité alimentaire sont au cœur de l’actualité. Et s’il fallait pour y répondre identifier leur histoire et mieux comprendre comment tout ce qui a trait à la qualité de l’alimentation, à la qualité sanitaire en premier chef, s’enracine dans une histoire juridique et économique longue qui concerne aussi bien la France que l’Europe tout entière ?
À partir de quatre productions exemplaires du « bon » produit de l’agriculture française – le lait, le beurre, le vin et la viande –, l’auteur retrace les conditions historiques réelles de la fabrication de la qualité alimentaire telle qu’elle est définie aujourd’hui, en s’appuyant notamment sur les très riches archives du ministère de la Justice.
Il montre comment la production et l’usage de l’information, la fabrication et l’application de normes, la construction du savoir scientifique et l’expertise constituent les trois clefs de voûte d’une dynamique historique où s’affrontent les règles de la concurrence et les exigences de la santé publique. Le lait et le vin que nous buvons, le beurre et la viande que nous mangeons aujourd’hui sont l’aboutissement de ces luttes pour le contrôle de la définition de la « qualité ». Rien de plus construit qu’un aliment naturel.
Alessandro Stanziani, chargé de recherche au CNRS, a notamment publié L’Économie en révolution. Le cas russe, 1861-1930 (Albin Michel, 1998) et dirigé La Qualité des produits en France, XVIIIe-XXe siècle (Belin, 2003).