On a peine à l’imaginer aujourd’hui : au XIXe siècle, en ville, les animaux sont partout. Chiens et chevaux d’attelage, veaux, vaches, cochons... peuplent les rues. Dans les campagnes, ils n’ont jamais été aussi nombreux. Une nouvelle familiarité se noue entre hommes et animaux dans les fermes et les appartements. L’intimité des sentiments qu'ils font naître s’exprime de plus en plus ouvertement dans la vie quotidienne, la littérature et la peinture. La sensibilité à leur souffrance se renforce et les mauvais traitements qu’ils peuvent subir commencent à être réprimés. La loi désormais les protège. Cette attention nouvelle n’empêche pas la recherche d’une maîtrise croissante et d’une amélioration de l’utilisation des animaux par le dressage et par la médecine vétérinaire, qui prend alors son essor. Dans le même temps, la saleté, l’errance des animaux, la vue de leur sang sont de moins en moins tolérés. Fourrières et abattoirs font leur apparition. Un partage se dessine entre les élus du cercle familier, choyés et protégés, et les autres. C’est tout un pan oublié de l'histoire culturelle et sociale dont nous sommes les héritiers que ce livre révèle.
L’auteur
Damien Baldin est professeur agrégé d'histoire et chargé d'enseignement à l'Ecole des hautes études en sciences sociales; Il y termine sa thèse d'anthropologie et d'histoire consacrée à la police des chiens aux XIXe et XXe siècles.