« Tel est donc l’argument qu’on nous oppose : si Hitler avait été stupide ou criminel, étant donné que les gens ont massivement voté pour lui, cela aurait impliqué que, eux aussi, étaient stupides ou criminels. Or cela n’est pas possible. Donc Hitler n’était ni stupide ni criminel.
L’autre possibilité – mais c’est ce point qu’on refuse d’envisager – est qu’un très grand nombre d’Allemands, peut-être l’écrasante majorité, se sont en effet montrés particulièrement stupides et le sont encore aujourd’hui en grande partie sur le plan politique, et que nous trouvons ici dans une situation de corruption intellectuelle et morale, due à un certain nombre de facteurs qui ont porté le phénomène Hitler au pouvoir. Ce n’est pas seulement un problème allemand, c’est un problème international. Car, parmi les droits de l’homme ne figure pas le droit d’être stupide et si la plupart des gens sont dépourvus de convictions et se sentent irresponsables, l’indifférence politique s’apparente étroitement à la perversion éthique. C’est un manque de culpabilité coupable. »
Eric Voegelin