Toutes sortes de signes l’attestent : l’Iran est en train d’en finir avec sa révolution. Sous les apparences de l’ordre moral encore maintenu par des polices et des milices, le désenchantement est général, l’individualisme et le désir de consommation ne cessent de gagner du terrain, la démocratie s’installe comme le régime de croisière du pays. Mais pourquoi et comment sort-on d’une révolution islamique ? C’est que celle-ci n’a pas laissé la société intacte. La révolution n’a pas été une parenthèse, au contraire l’Iran de 1999 est un pays profondément transformé dans ses structures sociales, économiques. Si le politique a été saisi par le religieux, l’inverse est plus vrai encore : l’islam n’est pas sorti indemne de l’expérience d’une politisation extrême. Et s’il a théorisé l’entrée en révolution, l’islam est aujourd’hui mis à contribution par des théologiens et des philosophes pour penser la sortie de la révolution et la progression vers la démocratie. Dans les sphères officielles, le discours sur la religion fait place maintenant à une réflexion sur la culture, comme si l’identité iranienne avait cessé de s’enraciner dans une transcendance. La culture ? Ce qui reste quand l’utopie a disparu…