Sait-on vraiment ce qui se passe dans les entreprises, les ateliers, les bureaux? Pendant des mois, Gisèle Ginsberg a enquêté et écouté la parole «d'en bas», celle qu'on n'écoute jamais. Ces témoignages, recueillis auprès de dizaines de salariés, dressent un tableau sombre des conditions de travail dans notre pays. La course à la productivité et à la flexibilité affecte désormais dans une même galère cols bleus, cols blancs, secrétaires, caissières, techniciens. Précarisation du travail, affaiblissement du sentiment collectif, hiérarchie de plus en plus pesante, patrons sans états d'âme. Les salariés se sentent laminés, abandonnés face à la peur... peur du chômage, des réprimandes, de la concurrence des collègues, métamorphosés en rivaux potentiels. Pour beaucoup d'entre eux, le monde du travail, c'est le monde du silence, des non-dits, de l'arbitraire, de l'autocensure et de la soumission.
Les femmes et les hommes qui parlent ici manifestent leurs doutes, leurs interrogations, leurs ressentiments. Ils expriment une souffrance sociale, un mal-être traduit par ce cri du coeur, sommaire et brutal, qui est surtout un cri de colère: Je hais les patrons!