Pour avoir pris des vacances spontanées et officieuses, le débardeur Pepeliaev devient un mort aussi officiel qu’héroïque. C’est pourquoi, après quelques semaines passées dans une bourgade modèle à goûter l’ivresse de l’ersatz d’alcool et de l’amour et à humer les richesses de l’existence, il devra mener un combat désespéré pour recouvrer son statut du vivant.
Dans ce récit bouffon des mésaventures de Pepeliaev, où se mêlent intimement délire éthylique et délire parodique de la langue de bois, Golovine porte à son paroxysme le contraste schizophrénique entre l’univers des mots et la réalité quotidienne vue par les yeux d’un travailleur de choc qui se soûle au détergent.
Tout est ici déformé, grossi, caricaturé. Le vrai et le faux, le réel et l’illusoire se confondent. Pepeliaev est officiellement mort à bord d’une péniche qui a officiellement brûlé, alors qu’elle continue à naviguer d’un plan pour lequel elle n’existe plus. Etre ou ne pas être devient une question centrale – et sans réponse – dans un univers bureaucratique en folie, tout comme la langue de l’auteur.