Rarement le problème de l’échec scolaire est pris d’où il naît : de ce qui chez l’enfant rend l’apprentissage possible – son désir de savoir. Martine Menès nous explique comment apparaît et s’entretient le désir d’apprendre. Car celui-ci a une histoire, qui accompagne les étapes du développement psychique. Et si l’instabilité, l’inhibition, l’angoisse troublent l'enfant quand il veut mettre à l’œuvre le comportement et les compétences indispensables à l’étude, c’est souvent que le cours de cette histoire a été contrarié. Le besoin de dépendance infantile autant que la difficulté à accepter les limites peuvent empêcher d’accéder aux rencontres avec les règles, avec les manques, avec la solitude, qui sont les contraintes naturelles de l’apprentissage. Les aléas du parcours d’un enfant, ses interactions avec l’environnement, ses rencontres avec l’imperfection ordinaire des adultes qu’il croyait tout-puissants, influent autant sur son développement affectif que sur son fonctionnement intellectuel.
Au moment où la pédagogie se replie sur elle-même en cherchant à tout expliquer par l'insuffisance des connaissances, quand ce n’est pas par les défaillances organiques ou génétiques, Martine Menès ouvre des pistes particulièrement intéressantes pour relancer la réflexion sur l’aide qui doit être proposée à ceux qui acceptent mal de recevoir des autres – car apprendre, c’est aussi, et peut-être d’abord cela.
Martine Menès est psychanalyste à Paris, membre de l'EPFCL, et a été longtemps psychothérapeute en Centre médico-psycho-pédagogique. Elle a contribué à différents ouvrages, et elle est l’auteur de Un trauma bénéfique : la « névrose infantile » (Éditions du champ lacanien, 2006).
Préface de Serge Boimare