D’où venons-nous ?
Hissés sur les épaules de Darwin, nous voici en mesure de scruter l’horizon de nos origines, en parcourant à rebours notre histoire la plus profonde : celle de la grande famille des vivants, des bactéries aux éléphants. Pas à pas, concept après concept, la théorie de l’évolution et sa puissance explicative se révèlent. Mutation, hasard et sélection naturelle suffisent à générer une infinie diversité, où de multiples échelles d’individualité s’emboîtent comme des poupées russes.
Mais au bout du chemin persiste une brume, une tache aveugle de la pensée biologique moderne. À moins d’un miracle survenu dans la soupe originelle, l’évolution première n’a pu émerger sous cette forme que nous lui connaissons, reposant sur une hérédité déjà génétique. Il faut donc envisager la possibilité, sinon la nécessité, d’une formulation plus générale du principe de sélection naturelle : un pont à bâtir entre la physique et la biologie aux origines de nos origines.
Sylvain Charlat est chercheur au CNRS. Ses travaux portent sur le conflit et la coopération dans le monde vivant, et sur les multiples échelles d’individualité qui en résultent.