Science « aimable » et populaire, art d’effeuiller la marguerite, la botanique, devenue partie prenante de la recherche en biologie, a longtemps été le lieu d’affrontement de grandes querelles philosophiques auxquelles prirent part Leibniz et Rousseau, Goethe, Coleridge ou Condorcet. Le système sexuel développé dans la Philosophie botanique de Linné n’offusqua pas seulement la très puritaine Encyclopaedia Britannica, il inspira aussi diverses classifications zoologiques, voire – à Auguste Comte – une classification des sciences au parfum végétal bien marqué. Quant à Charles Darwin, on ne s’étonnera pas de le trouver ici penché sur primevères et orchidées, trouvant dans la botanique quelques idées-forces de sa théorie.
Au terme de cette excursion très rousseauiste, on se prend à penser que s’il n’y eut jamais, comme le disait Kant, de « Newton du brin d’herbe », le végétal eut cependant de patients observateurs, de hardis théoriciens et de merveilleux penseurs.
Jean-Marc Drouin, professeur de philosophie et d’histoire des sciences au Muséum national d’histoire naturelle, directeur adjoint du centre Alexandre Koyré, est l’auteur de nombreuses études sur l’histoire de la botanique et de l’écologie.