« Un printemps près du lac Winnipeg, une oie des neiges apparut, très haut dans le ciel, isolée. Elle descendit en planant, se posa sur le lac et nagea jusqu’au rivage. Tout près, alerté par le vent qui apportait à ses narines l’odeur de l’oie, un lynx se tapit, bien silencieusement. L’oie tendit le coup un instant, aux aguets. Mais avant même qu’elle eût pu s’envoler, le lynx l’avait attrapée et la broyait entre ses dents. Il en dégusta jusqu’aux os et aux plumes. Soudain, alors qu’il allait briser un os pour un sucer la moelle, un homme poussa un cri, et en un instant le lynx se retrouva en haut d’un arbre.
« Parmi les débris de l’oie, l’homme trouva un os dont on dit qu’il protège le cœur - un os à vœux. Il le contempla avec curiosité. Or, il découvrit bientôt que cet os était un instrument de métamorphoses qui lui permettait de « jouer des tours ». Grâce à lui il pouvait faire apparaître des choses, simplement en faisant le vœu, et pouvait aussi changer sa propre apparence, ou encore créer toutes sortes de situations. »
Voilà l’histoire de la découverte de l’ os à vœux, telle que Jacob Nibénegenesabe, achimoo (conteur) fameux parmi les Indiens crees des Marais, l’a rapportée au poète américain Howard A. Norman qui a vécu parmi les Crees pendant de nombreuses années.