Celle que la France entière nomme «Madame le proviseur» n'est plus proviseur. Marguerite Gentzbittel s'était engagée à quitter le lycée Fénelon l'année de ses soixante ans. Elle a tenu parole, estimant que les jeunes ont besoin d'un encadrement rajeuni.
La voici donc «libre». Libre de parler sans enfreindre l'obligation de réserve du fonctionnaire et sans trahir une conviction laïque qui n'a jamais faibli. Libre d'évoquer le «moteur de son action et de sa vie» : sa foi catholique. C'est une drôle de paroissienne, Marguerite Gentzbittel. Fille de père anticlérical et de mère fort pieuse (mais fort critique), elle revendique sa double origine. Avec la verve qu'on lui connaît, elle dit ici ce qu'elle croit, réfute l'esprit de secte, combat le prosélytisme. Elle dit son attachement à certain couvent où elle faillit entrer pour ne plus en sortir. Elle dit son évangile, son paradis, elle dit, surtout, son amour de la liberté et sa détestation des croisades.
Les croyants trouveront dans ce livre des pages dérangeantes et inattendues, les incroyants y trouveront une initiation tonique à ce que peut être l'expérience religieuse. Marguerite Gentzbittel se proclame obéissante mais non soumise, catholique mais non vaticane, charitable mais peu morale. Les tièdes seront déçus.