La France devient-elle raciste ?
Pour répondre, il ne suffit pas de compter les voix de l’extrême droite aux élections. Il faut aller voir. Là où la peur, l’exaspération, la haine gagnent du terrain. Là où l’exclusion, la crise urbaine, la perte d’identité attisent les préjugés et les tensions.
Il faut plonger au cœur du racisme populaire dans les cités dépotoirs de Roubaix ou Mulhouse, dans les quartiers difficiles de Marseille ou de Montfermeil, mais aussi dans une ville nouvelle comme Cergy.
Pour la première fois, une équipe de sociologues est allée sur place écouter leurs habitants, surtout quand ils « parlent raciste ». Elle a organisé des rencontres entre ces Français et des responsables politiques ou d’associations. Ces échanges sont vifs, parfois explosifs, révélant une réalité sociale, crue, sans fards.
Michel Wieviorka et son équipe ont réuni également des « flics » de terrain. Confrontés avec le grand patron de la police, un magistrat, des syndicalistes, et avec Harlem Désir, ces policiers admettent l’existence chez eux d’un discours raciste et l’analysent. Un groupe de Skinheads débat encore avec un commissaire, avec François Gaspard. La violence raciste éclate.
Afin d’effectuer cette plongée, six chercheurs ont enquêtés, non sans courage, pendant deux ans, accumulant 500 heures d’entretiens individuels, plus de 200 heures de rencontres collectives. Cet énorme matériel permet de dresser un portrait de groupe, celui de la France d’aujourd’hui. Il faut le regarder en face.