Salué par Vassilis Vassilikos comme l’écrivain le plus prometteur de sa génération, Christos Choménidis s’en était déjà violemment pris aux valeurs familiales avec Le Jeune Sage, roman picaresque et drolatique. Avec La Hauteur des circonstances, il s’attaque à un autre tabou de l’imaginaire grec : l’armée, plus précisément la marine grecque. Mais encore aux fantasmes militaro-nationalistes du peuple hellène et son rêve de la Grande Grèce.
La recrue Marinos Fakidas, pistonnée par son beau-père, le chef d’état-major Léonidas Véziris, est mutée comme pianiste au quartier général du centre d’instruction de l’île de l’Œuf, dirigé d’une main de fer par le commandant Mathéos Cavalaris, lequel, pris par un délire putschiste galopant, prépare ses hommes au sacrifice suprême et les lance à l’assaut des côtes turques.
A travers les amours contrariés du jeune héros et de la femme du commandant, au gré des aventures de l’apprenti dictateur et de sa minable bande de conquérants en territoire ottoman, le lecteur assiste à une farce guerrière, qui répète de façon grotesque et ambiguë l’histoire moderne de la Grèce. Selon le mot de Kostas Axelos : « Il arrive à la pensée d’être ivre de sang froid. » La Hauteur des circonstances en est la torride et trépidante démomnstration.