La patte du scarabée. Mistletoe, «quelques centaines de maisons marron» et un terrible ennui à longueur d'année. Dix ans auparavant, au moment de la construction du barrage, Muige Lampson a été enterré vivant avec un tracteur à chenille sous une énorme coulée de boue.
Depuis, désœuvrés, démunis, les uns et les autres rôdent, mal dans leur peau : Luke, le frère du mort, qui vit avec la veuve et une Indienne mandan ; Camper, revenu au pays, avec sa femme et son enfant mordu par un serpent ; Harry Bohn, un ancien ouvrier du barrage ; le Finnois, handicapé ; Cap Leech, vaguement rebouteux... Le shérif Wade surveille chacun, et tient à l'écart un groupe de motards minables.
Le grand art de John Hawkes, c'est qu'il semble aiguiser ses mots sur la pierre du paysage, les apprêtant pour un massacre larvé. Les gestes, minutieusement décrits, s'enchaînent comme une chorégraphie qui sonne l'appel au malheur. Les protagonistes du drame, partis sur le lac de retenue maudit pour une partie de pêche, sont obsédés par cette sépulture de ferraille, abcès de tout l'endroit. Quand ils aborderont la rive, la digue intérieure qui les engourdissait aura cédé. Un flot de pus de racisme et de violence va les submerger.
Les thèmes principaux de l'œuvre de Hawkes sont bien présents dans ce livre de 1951, noués par la même phrase : la littérature s'approvisionne aux fastes du malheur.