Il suffit parfois d’un incident de parcours plus ou moins grave, une simple déviation, et l’envie vous prend de tout abandonner. Paris d’abord, une femme, un métier, des amis d’habitude.
Envie de changer de nom, d’adresse. Se fondre dans l’anonymat d’une chambre d’hôtel. Rêver à la vie de ces forains qui invariablement se déplacent, ne restent pas. Nulle part.
L’accident arrive. Henry part retrouver son frère Julius, hospitalisé à Saint-Malo, la ville où ils ont grandi l’un à côté de l’autre. Henry comprend qu’il a toujours vécu à côté de quelqu’un, des êtres les plus chers, des choses les plus douces. A côté. Jamais avec.
Et si son frère n’existait plus ? Et si Élisabeth, sa femme qui l’attend à Paris, ne s’en donnait pas la peine ?
Henry voudrait tellement s’effacer, disparaître, mais sans que l’on s’inquiète pour lui, il aimerait qu’on oublie tendrement, qu’on le laisse. Comme on rend une voiture de location à une agence, une clé de maison de vacances aux vacanciers suivants, un lit d’hôpital à quelqu’un qui souffre davantage.
Sentir enfin que rien ni personne ne nous retient.