Paru le 31/01/1996

« Je regarde mon père regarder distraitement les images en résonnance magnétique de son cerveau, qui montrent pourquoi il les regarde distraitement et sans émotion apparente. Je regarde le beau crâne lisse, le front de mon père, tandis que le docteur J. nous rappelle que l’hémisphère gauche concerne, ou contrôle, ou commande, allez savoir, la mémoire et le langage, par conséquent la mémoire du langage mais aussi les facultés de nuancer, de connecter, d’inhiber : facultés dont je comprends pour la première fois, devant le négatoscope du docteur J., qu’il me revient d’user désormais ici, à la place du père, comme notre patronyme le dit. »


Au plus fort de l’été, un père est victime d’une encéphalite. On lui adresse, de son vivant, une laudatio : cet appel suprême, ce cri jadis lancé au mort présumé, pour s’assurer de sa disparition. On connaît le dilemme. Qui ne répond pas est bien mort. Qui répond n’est pas mort, donc il n’est pas digne de louange. On tente alors de mieux adresser l’appel de dernier recours : non seulement au père, mais à l’enfance, à l’époque, à la littérature, aux mots eux-mêmes que le père oublie et rassemble en réfutant sa vie. On tente enfin de réfuter cette réfutation.

Littérature française
Récits/Chroniques
Collection : Fiction et Cie
Format : Broché
Pages : 192
EAN : 9782020285049 14.30 € TTC