Depuis plusieurs années, la France régresse. Sous leur modernité tapageuse, les années 80 resteront marquées par un phénomène stupéfiant : le retour en force des archaïsmes.
En politique, la fin des idéologies et le recul de l’État n’ont pas conduit à cette démocratie pacifiée et adulte qu’on nous promettait. On ne voit au contraire que luttes de factions, batailles de ducs et de barons, sur fond de cynisme et de vide intellectuel. En économie, la réhabilitation du profit et l’ouverture internationale n’ont pas mené à ce capitalisme moderne et tempéré que souhaitait la majorité des Français. Au contraire, on a assisté au triomphe des condottières de la finance et des prédateurs de l’industrie, au recul social, à la généralisation de la triche boursière et de l’arrogance de l’argent. Une super-élite coupée du reste de la nation occupe les places, pendant qu’une fraction croissante de la société, rejetée hors les murs, ne trouve plus pour se faire entendre que la violence des jacqueries urbaines. Le déclin des syndicats aboutit à une réinvention du corporatisme, la décentralisation rétablit une forme nouvelle de féodalisme, les grandes religions sont menacées par l’intégrisme, ou bien reculent au profit des sectes.
Pourquoi cette évolution inattendue ? Quelle est la responsabilité des élites, de la classe politique, et particulièrement de la gauche, dans ce retour en arrière ? La démocratie française peut-elle surmonter cette régression ? Ce sont ces questions troublantes que pose ce livre au terme d’une analyse rigoureuse appuyée sur des faits.