Au nom de la critique de l’État tout-puissant, de la pluralité des identités, du droit à la différence, les principes et les valeurs de la République sont aujourd’hui contestés. Nul bien sûr, hormis quelques nostalgiques, ne songe vraiment à la remettre en cause. Mais l’époque se complaît à lui opposer la « société civile », lieu d’élection des libertés, de l’initiative et de la responsabilité.
Qui ne voit pourtant que l’abandon de la laïcité, pierre de touche de l’édifice républicain, condamnerait l’École à devenir le champ clos des rivalités ethniques et religieuses ? Que contraindre l’État à renoncer à son rôle de régulateur reviendrait à accepter passivement l’atomisation de la société ? Qu’hypothéquer la transmission du savoir, par un louable souci de pédagogie active et d’éveil au monde, ne saurait produire qu’une communauté d’assistés ?
La Première République fut proclamée il y a tout juste deux siècles. L’anniversaire appelait un état des lieux. Claude Nicolet, le proche collaborateur de Pierre Mendès France, l'historien dse républiques romaine et française, l'a entrepris dans un esprit d'évaluation critique, celui-là même qui avait présidé à l'écriture de L'Idée républicaine en France (1982), auquel ce livre fait suite. En passant au crible les institutions séculaires de la France, mais aussi les notions de laïcité, d’universalité, d’instruction civique, d’intérêt général, de régime parlementaire, et bien d’autres avec elles, Claude Nicolet nous rappelle que si les principes républicains ont une histoire et ne sauraient être enfermés dans un catéchisme, ils n’en relèvent pas moins d’une même logique, dont le fondement est avant tout intellectuel et moral. Et qu’à renoncer à certains d’entre eux, c’est la citoyenneté elle-même que l’on met en péril.
Avec la collaboration de David Nicolet.