ONG, firmes multinationales, opérateurs financiers, terroristes, trafiquants, mafias: ces «nouveaux» acteurs «transnationaux» rendraient l'État impotent, annonceraient un «nouveau partage du monde».
Scrutant les faits, Samy Cohen montre une réalité différente. Le crime organisé est une menace pour l'État, pas les ONG, dont la plupart sont ses sous-traitants. Les «vieilles» démocraties occidentales seraient les plus affaiblies. Paradoxalement, ce sont elles qui résistent le mieux. Le terrorisme transnational a redonné du pouvoir à l'État. Les pressions croissantes des ONG ont élargi sa sphère d'activité.
La vision «transnationaliste» escamote les vraies responsabilités: la gestion malencontreuse des politiques publiques face à la montée des «menaces sécuritaires». L'immigration clandestine, l'économie informelle, la blanchiment de l'argent sale, etc., sont tolérés, notamment par des régimes démocratiques, parce qu'ils leur fournissent des revenus substantiels. L'«impuissance», dans nombre de cas, n'est que le paravent d'un double jeu.
Le monde ne sera pas meilleur uniquement parce que la société civile et les ONG auront pris plus d'importance. Le problème est la désunion des nations, leur incapacité à coopérer pour faire face aux problèmes du développement, de la pauvreté, de la criminalité, de l'environnement, et de tant d'autres. La souveraineté était en voie d'extinction, nous disait-on. Jamais elle n'a été aussi présente et contre-productive.
Un livre informé, courageux, bref, politiquement incorrect.