La Revanche de la chair
Essai sur les nouveaux supports de l'identité Dominique Memmi

Paru le 16/10/2014

Après avoir exhorté les pères à couper le cordon ombilical, on a ré-incité les mères à allaiter, puis valorisé le contact peau à peau avec leur nouveau-né, et certains les invitent à contempler leur placenta. Désormais, les parents d’un enfant mort-né sont encouragés à le toucher ou à le photographier. Alors que la confrontation avec le corps des défunts est supposée favoriser le « travail de deuil », la crémation est suspectée de nuire à celui-ci. Parallèlement, l’accès aux origines biologiques des personnes adoptées ou nées par don de gamètes est prôné pour leur bien-être identitaire. Et dans les organes transplantés s’insinue la personnalité du donneur, menaçant la greffe de rejet psychique.

Ainsi s’opère, autour de la naissance et de la mort, depuis une vingtaine d’années et dans la plupart des pays occidentaux, une focalisation sur le corps comme support de l’identité. Quelle inquiétude sous-tend ces conceptions que les professionnels du psychisme, du soin et du funéraire sont souvent les plus soucieux de mettre en pratique ? Comment la chair a-t-elle été investie d’effets psychiques censés resserrer des liens vécus comme trop lâches et fortifier des identités éprouvées comme trop flottantes ? À travers des gestes dont la convergence était restée inaperçue, cette enquête révèle un tournant idéologique et culturel majeur.


Directrice de recherche en sciences sociales au CNRS, Dominique Memmi a notamment publié Les Gardiens du corps (Éditions de l’EHESS, 1996), Faire vivre et laisser mourir (La Découverte, 2003) et La Seconde Vie des bébés morts (Éditions de l’EHESS, 2011).

Sciences humaines
Divers
Collection : La Couleur des idées
Format : Broché
Pages : 288
EAN : 9782021171457 22.00 € TTC
Disponible en version numérique
Format : E-Pub
15.99 € TTC
EAN : 9782021171471