La science et la technique ne suscitent plus, aujourd’hui, le même enthousiasme que jadis. Pourquoi ? Nos existences seraient-elles déboussolées à force d’être révolutionnées par l’ « invention permanente » ? Le progrès scientifique ne serait-il plus en mesure d’apporter des réponses aux questions que nous nous posons ? Serions-nous tout simplement incapables de comprendre des avancées scientifiques de plus en plus complexes ?
Une chose est sûre : démocratie participative et progrès technique ont divergé. Aujourd’hui, les citoyens que nous sommes ont l’impression de subir un progrès qu’ils ne contrôlent plus. Et cette impuissance, démontre ici Michel Claessens, paraît très difficile à corriger. Reste à savoir pourquoi. En vérité, les scientifiques eux-mêmes portent une large part de responsabilité. La nature même de leur travail, l’hyper-cloisonnement des disciplines, l’interconnexion croissante des techniques et surtout l’attitude ambiguë des chercheurs vis-à-vis de la communication publique favorisent une rupture progressive entre la science et la société. Une rupture plus lourde de conséquences qu’on ne l’imagine.
En réalité, la liberté des scientifiques ne doit pas conduire ces derniers à s’affranchir d’une responsabilité sociale sans laquelle la science et la technique risquent de se fourvoyer. C’est pour une réconciliation nécessaire – urgente, même – que plaide passionnément l’auteur de ce livre.