Longtemps, on la crut plate comme une galette, puis ronde comme une orange. Jusqu'au jour où Newton, du fond de son cabinet, la déclara aplatie telle une mandarine.
Dans les salons et les académies, les esprits s'enflammèrent. Certains clamèrent très haut qu'elle était plutôt oblongue comme une courge. Mandarine ou courge, il fallait en avoir le coeur net, et, pour cela, le mieux était encore d'aller voir sur place, afin d'y mesurer et d'y comparer la longueur d'un degré du méridien. Pas seulement au nom de la curiosité scientifique mais aussi dans le souci d'établir des cartes plus conformes à la réalité et d'améliorer ainsi la sécurité maritime.
Deux expéditions quittèrent la France. L'une en 1735 vers le Pérou. L'autre en 1736 pour la Laponie. De la première, on eut des récits brumeux. De la seconde, on connut les moindres péripéties, grâce au journal tenu par l'un de ses membres, l'abbé Réginald Outhier. Présenté et remis en situation par André Balland, ce journal de voyage d'une qualité particulière, tant par la bonhomie de son ton que par la minutie de ses informations, est ici réédité pour la première fois dans son intégralité.
Des résultats de cette expédition dépend, depuis, la vie de nombreux marins et de quelques capitaines.