Le mot « contradiction » semble le plus approprié pour caractériser, aujourd’hui, la vie internationale. Les plus grandes menaces ont disparu mais les guerres se multiplient. Le désarmement nucléaire fait des progrès mais les risques de prolifération sont plus grands que jamais. La mondialisation est effective mais, dans le même temps, les États éclatent. En définitive, le monde semble devenu incompréhensible pour le citoyen et cela, alors même que les médias lui portent une attention inégalée.
Les grandes puissances, quant à elles, estiment volontairement que la guerre ne pourra plus les atteindre. Illusoire ou fondée, cette conviction favorise une sorte de démobilisation générale. Tout se passe comme si le monde, mû par une fringale de prospérité et de consommation, s’émiettait devant l’absence d’une menace identifiable. Cet émiettement débouche sur une étrange démission que l’auteur de ce livre qualifie de « volonté d’impuissance ».
Faute de vision à long terme, les perspectives d’anarchie internationale généralisée sont-elles devenues plus probables que l’hypothèse d’un monde pacifié ? En vérité, il n’est guère de question plus urgente que celle-ci.