Dionigi Albera est anthropologue et directeur de recherche émérite au CNRS. Il a notamment publié le Dictionnaire de la Méditerranée (Actes Sud, 2016) et Dieu, une enquête. Judaïsme, christianisme, islam : ce qui les distingue, ce qui les rapproche (Flammarion, 2013).
Caillou aride aux confins de la Sicile, Lampedusa est aujourd’hui le symbole tragique de la crise des migrants en Europe. Derrière cette réalité tranchante, se révèle un microcosme où se croisent militants, pêcheurs, réfugiés, journalistes, touristes. Dionigi Albera s’est immergé dans la vie locale et a décelé les contradictions du lieu, entre forteresse et zone de passage. Et il remonte les strates du temps. Appuyé aux archives, aux récits des voyageurs et aux légendes, il repère Lampedusa jusque dans les confréries noires du Brésil colonial ou dans l’oeuvre de Diderot.
Creuser l’histoire de Lampedusa, c’est plonger dans l’épaisseur de la frontière, dans les échanges entre Orient et Occident, musulmans et chrétiens, empires ottoman et espagnol, Afrique du Nord et Europe. Car Lampedusa a toujours été une île-monde. S’y retrouvent des marins et des guerriers, des convertis et des repris de justice exilés, des corsaires et des ermites bons commerçants, une Madone protectrice des naufragés, un Prince sicilien, nommé déjà Le Guépard… 20 km2 perdus en mer où se condensent cinq siècles d’histoire méditerranéenne. Dans un récit sensible et haut en couleurs, Dionigi Albera saisit ainsi les temporalités longues, sous les oscillations nerveuses de l’histoire contemporaine.
___
SOMMAIRE
Ouverture. L’île-monde
II. L’île déserte
III. Dans l’archipel de l’Arioste
IV. La Vierge et le marabout
V. L’enchantement de Lampedusa
VI. Les voyages de la Vierge
VII. Le temple de la parfaite tolérance
VIII. Ermites, physiocrates et aventuriers
IX. Le mythe en sommeil
Finale. Le théâtre de la frontière
Remerciements