Alors que la France vient de connaître quatre régimes différents en un demi-siècle, la révolution de 1848 semble rouvrir le temps des remous et des hésitations. Et pourtant, de l’éphémère Deuxième République au Second Empire et jusqu’à la Commune de Paris, c’est bien l’expérience démocratique qui fait ses armes. Balbutiante, encore fragile, la démocratie parlementaire s’impose ainsi définitivement à l’issue de la guerre franco-prussienne de 1871 – clôturant près d’un siècle de bouleversements politiques.
Rien d’évident, pourtant, dans cette victoire a posteriori. Derrière les événements politiques, cet ouvrage retrace les avancées et les reculs, les intuitions fulgurantes de l’avenir comme les ultimes lueurs du passé, et brosse l’ample tableau d’une France résolument engagée dans son siècle : du suffrage universel aux libertés publiques, des grands travaux urbains à l’essor du monde ouvrier, de l’expansion coloniale au soutien apporté au printemps des peuples, s'impose une « modernité » aux multiples visages, parfois contradictoires.
Bien plus, retraçant l’histoire nationale à l’aune des événements européens, Quentin Deluermoz met au jour un « esprit du siècle » propre à la France. Encore indicible, presque imperceptible, quelque chose de neuf, qui transformera durablement le pays, est en train de prendre, tandis que l'ombre de la Révolution française jette ses derniers feux.
Quentin Deluermoz est maître de conférences à l’université Paris XIII. Il vient de publier Policiers dans la ville (Presses de la Sorbonne, 2012).